LA PEUR ET LA PRUDENCE : FORCES DE L’ESPRIT

En ces temps de bouleversement de nos repères, de changement de nos habitudes et de nos comportements, ce temps où nous devons nous réadapter  constamment, il est important de clarifier deux concepts : peur et prudence.

 La peur est une émotion commune à toutes les personnes, quel que soit leur culture, leur condition sociale, leur âge, leur sexe,  leurs croyances, etc.  Une personne normalement constituée vit donc des émotions à chaque instant de la journée, qu’elle travaille, se promène, regarde un film, écoute de la musique. Il y a pathologie, quand par accident, une partie du cerveau est atrophiée et n’est plus en capacité de faire vivre des émotions. Une personne qui ne ressentirait plus la peur, par exemple, serait en danger. Quelle vie terne en l’absence de l’émotion joie !

Ainsi, ce qui différencie les êtres vivants, c’est leur apprentissage conscient ou inconscient à canaliser, à contrôler leurs émotions. Certains, en raison de leur Histoire de Vie, fonctionnent sur un mode affectif prédominant et se laissent submergés. D’autres, au contraire, plus cérébraux, les cadenasseront et intellectualiseront la situation, nous sommes à l’ère de l’intelligence artificielle. D’autres encore, les nieront allant même jusqu’au sexisme, « c’est affaire de bonne femme ou de personnes fragiles, dérangées » ou les associeront à un manque de culture. Rassurez-vous, vous ressentez la peur à un moment donné, vous êtes « normal » ! Mais bravo, à ceux, celles qui apprendront à les utiliser pour en faire une force de changement, un paramètre pour fluidifier la communication.

Nous baignons donc dans un espace sensoriel à défricher pour avancer dans cette jungle humaine à laquelle nous appartenons. Nos émotions, celles des autres que nous absorbons parfois comme des éponges ou que nous faisons absorber aux autres. Alors, en ce temps de re-confinement, la peur est là. Si elle n’est pas en vous, elle est autour de vous parmi ceux et celles que vous rencontrez. 

La mission de la peur est de nous informer d’un danger objectif et/ou subjectif. Danger objectif, autrement dit danger réel extérieur. Danger subjectif, autrement dit l’ imaginaire et les pensées défaitistes. La peur nous invite donc à la prudence.

La prudence est une qualité, attitude de celui qui prévoit, calcule les conséquences d’une situation, d’une action et qui adapte sa conduite pour éviter les résultats préjudiciables. C’est donc une force d’esprit, une faculté de discerner la réponse appropriée à mettre en œuvre.

Pour conclure, en ce qui nous concerne ici, la peur et notre relation à nous-même et notre relation à l’Autre, autrement dit notre système affectivo-relationnel peut créer de telles interférences que le système cognitif n’est plus opérationnel mais est téléguidé par l’émotion. Autrement dit, la peur est utile et doit être écoutée comme signal d’une information importante mais doit ensuite se gérer pour que l’intellect puisse analyser la situation et proposer des réponses idoines. En cas de danger objectif, c’est la connaissance, l’expertise, les échanges, etc. En cas de danger subjectif, agir sur les pensées pour rationnaliser la situation.